Le rôle crucial des étudiants algériens en France dans l’émergence du mouvement nationaliste et l’indépendance de l’Algérie.

L’indépendance algérienne s’est forgée en grande partie sur les bancs des universités françaises. Dans les années 1920-1960, les étudiants algériens en France ont joué un rôle crucial dans l’émergence du mouvement nationaliste et la lutte pour l’émancipation de leur pays. Ce phénomène, peu connu, a pourtant façonné l’avenir politique de l’Algérie.

Des amphis parisiens aux revendications nationalistes

Dès le début du XXe siècle, un nombre croissant de jeunes Algériens vient étudier en métropole. Contrairement aux idées reçues, le niveau d’instruction en Algérie était comparable à celui de la France en 1830. Mais, la présence d’étudiants algériens dans les universités françaises va s’accélérer après 1914, avec la suppression du « permis de voyage ».

Ces étudiants s’organisent rapidement en associations. En 1919, l’Amicale des étudiants musulmans d’Afrique du Nord (AEMAN) voit le jour à Alger. Son président, Ferhat Abbas, deviendra une figure majeure du nationalisme algérien. À Paris, l’AEMNAF (Association des étudiants musulmans nord-africains de France) est créée en 1927, suivie de l’AEMA (Association des étudiants musulmans algériens).

Ces structures jouent un rôle fondamental dans :

La politisation des étudiants s’accentue dans l’entre-deux-guerres. Initialement, leurs revendications portent sur davantage d’autonomie pour l’Algérie. Mais face à l’intransigeance de la métropole, le mouvement étudiant se radicalise progressivement.

De la Toussaint rouge à l’indépendance

Le déclenchement de la guerre d’Algérie, le 1er novembre 1954, marque un tournant. L’Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA) intensifie ses actions, notamment avec une grève illimitée en 1956 pour dénoncer le caractère colonial de l’Université d’Alger.

L’UGEMA se rapproche du Front de libération nationale (FLN) et embrasse pleinement la cause indépendantiste. De nombreux étudiants rejoignent la lutte armée ou participent à la diplomatie du FLN à l’étranger.

Après l’indépendance en 1962, la situation évolue. Les accords d’Évian permettent la libre circulation des étudiants entre l’Algérie et la France. En revanche, dès les années 1970, des mesures de contrôle sont mises en place :

Année Mesure
1977 Instauration du visa étudiant
1980s Retour obligatoire après obtention du diplôme
2006 Concept d’immigration « choisie » pour les étudiants

Ainsi, en quelques décennies, les étudiants algériens en France sont passés du statut de futurs leaders nationalistes à celui de migrants sous surveillance. Cette évolution témoigne des transformations profondes des relations franco-algériennes depuis l’indépendance.

L'indépendance algérienne : quand les étudiants parisiens façonnaient l'avenir de leur pays

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